La première phase (2018-2022), dotée de 1,3 Md€, a essentiellement renforcé la recherche grâce à la création de pôles d’excellence (instituts 3IA, chaires, doctorants) et au développement d’infrastructures de calcul, mais certains enjeux majeurs n’ont pas été pris en compte tels que l’adaptation de la formation initiale et continue, l’accompagnement des entreprises et la transformation de l’action publique.

La seconde phase (2023-2025), dotée de 1,1 Md€, visait à diffuser l’IA dans l’économie, mais son déploiement a été ralenti par des arbitrages budgétaires et une mise en oeuvre tardive. Elle a néanmoins permis un essor remarquable de l’écosystème français de l’IA (plus de 1 000 startups, progression internationale, émergence d’acteurs en IA générative) et des avancées en matière d’IA de confiance et d’infrastructures.

Toutefois, la massification des usages de l’IA dans les entreprises (notamment les PME) reste insuffisante, tout comme l’adaptation des formations à la transformation des métiers, l’accompagnement de la fonction publique et l’intégration des territoires. La Cour souligne que la troisième phase de la SNIA, lancée en 2025, ne pourra réussir qu’avec un pilotage interministériel renforcé, un investissement accru dans la formation et les compétences, une politique ambitieuse de la donnée, une meilleure articulation entre infrastructures et besoins industriels et un véritable effort de transformation des organisations publiques.

Pour les acteurs de la formation professionnelle, des financeurs et des employeurs, le rapport met en évidence l’urgence de/d’ :

  • Repenser les contenus pédagogiques,
  • Accélérer la montée en compétences liées à l’IA,
  • Soutenir l’adoption de cas d’usage concrets dans les entreprises,
  • Structurer des dispositifs d’accompagnement des mutations professionnelles, afin d’éviter un décrochage des compétences et de répondre aux exigences européennes (notamment IA Act et RGPD) tout en tirant parti des opportunités offertes par France 2030.

La Cour des comptes souligne que l’enjeu majeur consiste à diffuser l’IA dans l’ensemble des formations initiales et continues en adaptant à la fois les outils pédagogiques et les contenus enseignés, afin de tenir compte de la transformation des métiers.

Les deux premières phases de la SNIA n’ont quasiment pas traité ces enjeux, malgré une recommandation de la Cour en 2023 restée sans suite. Quelques initiatives émergent dans l’enseignement supérieur mais elles restent marginales et insuffisamment suivies. La formation continue demeure très en retard, faute de dispositifs structurants et de financements. L’enseignement scolaire n’a pas davantage été intégré à la stratégie, hormis quelques initiatives isolées et la publication en 2025 d’un cadre d’usage de l’IA. Une mission de l’Inspection générale en 2025 insiste sur l’urgence d’un plan de formation massif pour les cadres et d’un modèle économique pérenne.

La Cour formule notamment les recommandations suivantes :

  • Renforcer, d’ici fin 2025, le pilotage interministériel de la politique publique de l’IA par la constitution d’un secrétariat général ad hoc, et mieux concilier l’ambition nécessaire de cette politique avec les enjeux d’efficience et d’efficacité, en procédant à une évaluation approfondie des résultats et en recherchant une plus grande complémentarité avec l’échelon européen, les territoires et le secteur privé,
  • Ancrer dans la durée l’excellence en matière de formation, de recherche et d’innovation dans le domaine de l’IA, en définissant mieux les besoins, en responsabilisant davantage les acteurs, en réaffirmant la finalité de la recherche publique et en favorisant les mobilités avec le secteur privé,
  • Renforcer le transfert de la recherche vers le développement industriel et l’accompagnement de la croissance des entreprises de l’IA,
  • Mieux anticiper les évolutions du marché de l’emploi,
  • Adapter à l’IA les méthodes et outils pédagogiques ainsi que le contenu de l’ensemble des formations.